Parmi les 40 start-ups les plus performantes de l’incubateur parisien, 34 placent l’intelligence artificielle au centre de leur activité.
La récente apparition du PDG d’OpenAI, Sam Altman, aux côtés du président Emmanuel Macron à Station F, encerclés par des entrepreneurs du secteur technologique, a rappelé à quel point cet incubateur reste une place forte de l’innovation en France.
Autrefois dépôt ferroviaire, cet espace de 34 000 mètres carrés était plus habitué à accueillir des wagons que des dirigeants de la tech. Aujourd’hui, il regorge de startups en pleine effervescence, avec des salles de réunion installées dans des conteneurs maritimes, des briques Lego éparpillées et un coin dédié à l’iconique jeu Space Invaders.
Fondé par le milliardaire Xavier Niel, Station F s’est imposé depuis son ouverture en 2017 comme un véritable carrefour pour les entrepreneurs, investisseurs et grandes entreprises.
Chaque mois, l’incubateur accueille 50 nouvelles start-ups, et plus de 7 000 y ont établi leurs bases depuis sa création. De grands groupes de la Silicon Valley y ont également installé leurs espaces de mentorat, à l’image d’Amazon Web Services, Apple et Google, qui offrent des conseils aux jeunes entrepreneurs. Snapchat y dispose même d’un studio permettant de tester ses lunettes de réalité augmentée.
Un levier majeur pour l’investissement
Selon sa directrice Roxanne Varza, les start-ups de Station F ont levé plus de fonds en 2024 que l’ensemble du secteur technologique italien en 2023. Depuis trois années consécutives, ces entreprises ont collecté plus d’un milliard d’euros, soit environ 15 % du total levé par les start-ups en France chaque année. Une progression impressionnante, comparée aux 250 millions d’euros levés en 2017.
Parmi les réussites emblématiques de Station F figurent Hugging Face, spécialisée dans l’intelligence artificielle et désormais basée aux États-Unis, ainsi que l’assureur santé Alan. Thomas Wolf, cofondateur de Hugging Face, se souvient de ses débuts dans l’incubateur : « C’est un soutien précieux d’avoir des gens autour de soi pour encourager et partager la même dynamique, surtout quand rien ne fonctionne encore ».
Quand la start-up a déménagé vers un bureau plus traditionnel à Paris, Wolf a trouvé le changement brutal : « On se sentait plus isolés, on n’avait plus cette impression d’appartenir à un mouvement ».
L’IA au centre de la stratégie
Désormais, ce mouvement est clairement tourné vers l’intelligence artificielle. Parmi les 40 start-ups les plus prometteuses de Station F, 34 exploitent cette technologie comme moteur principal de leur activité.
Parmi elles, Entalpic utilise l’IA générative pour formuler et tester des hypothèses chimiques, dans l’objectif de remplacer des processus industriels obsolètes. L’entreprise bénéficie du soutien d’investisseurs influents comme Thomas Wolf et Yoshua Bengio, l’un des pionniers de l’IA.
D’autres start-ups, comme .omics (à prononcer « dotomics »), travaillent sur l’amélioration des plantes grâce à l’intelligence artificielle afin de les rendre plus résistantes aux maladies, aux nuisibles et aux changements climatiques. Deux autres entreprises, Presti et Finegrain, se concentrent sur des applications plus grand public, en facilitant l’édition photo en ligne grâce à l’IA.
Une usine à success stories
Station F n’a peut-être pas encore produit une multitude de noms emblématiques dans l’univers de la tech, mais de nombreuses start-ups issues de l’incubateur ont été acquises par de grandes entreprises. Une victoire en soi, car une partie de ces capitaux est souvent réinvestie dans l’écosystème. Parmi les acquisitions récentes en 2024, on note Sonio (racheté par Samsung), Datakalab (par Apple) et Quickwit (par Datadog).
L’incubateur ne se contente pas d’accompagner les entrepreneurs, il investit également dans leurs projets. Il s’engage ainsi à soutenir jusqu’à 20 start-ups par an, avec des financements allant de 50 000 à 100 000 euros. En parallèle, il facilite la levée de fonds en diffusant chaque mois à 500 investisseurs une liste d’entreprises en recherche de financement.
Avec un tel dynamisme, Station F continue de s’affirmer comme l’un des principaux moteurs de l’innovation technologique en France et en Europe, tout en plaçant l’intelligence artificielle au cœur de sa stratégie pour l’avenir.